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 Sujet du message: Viole de gambe:tempérament(s)
MessagePosté: 03 Fév 2011, 05:04 
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Bonjour!
Musicien et curieux, je me pose la question du ou des tempérament(s) utilisé(s) sur une viole de gambe, lorsqu'elle est frettée. Un collègue pourrait-il m'éclairer? Je l'en remercie d'avance!


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MessagePosté: 10 Fév 2011, 18:33 
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Cela dépend surtout du type de musique sue tu joues (selon les époques et les régions)... Moi, je m'adapte au claveciniste/organiste!

Sinon, de mon côté, ça varie entre les tempéraments mésotoniques (pour la musique du 17ème), werkmeister, rameau, et de temps en temps tempérament égal si je dois jouer avec des instruments modernes...

Le champ d'étude est vaste, et c'est clair qu'on ne peut pas tout le temps changer ses frettes de place! Le mieux je crois est de trouver un tempérament qui fasse bien sonner ta viole, et qui soit assez "flexible" pour pouvoir jouer dans toutes les tonalités sans que ça sonne trop faux!

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MessagePosté: 10 Fév 2011, 18:45 
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Merci Jérémi
Hervé


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MessagePosté: 11 Fév 2011, 14:52 
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D'ailleurs, j'y pense, il y a un chapitre dédié aux tempéraments dans l'excellent livre d'Anette Otterstedt "The Viol" (ou "Die Gambe" si tu préfères la langue de Goethe), paru chez Bärenreiter... C'est un peu long à réécrire ici, mais en gros elle se base sur un système de proportions pour trouver un tempérament qui convienne à la viole: tu positionne ta frette à 1/18ème de la longueur vibrante de la corde, puis tu recommences le calcul pour chaque frette... à mon avis c'est beaucoup de boulot pour pas grand chose, d'autant que les cordes ne s'usent pas toutes de la même façon, et que du coup tes frettes se retrouvent vite fausses quand même! Mais le livre est rempli de renseignements, d'expériences, etc...

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MessagePosté: 11 Fév 2011, 15:08 
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Hervé


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MessagePosté: 11 Fév 2011, 15:51 
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La méthode par fractions donne un tempérament...égal, par définition, puisque le calcul est le même pour chaque frette...
Quand on n'a pas l'habitude des tempéraments, je pense que c'est pas mal de commencer par le valotti (6 5tes pures et 6 5tes réduites), car il est assez doux et il permet de s'habituer en douceurs à un tempérament inégal.
bien sur, il est plutôt XVIIIe, mais il est surtout "passe-partout", et il convient très bien aux cordes (beaucoup de violonistes s'accordent en 5tes pures).
Pour bien comprendre je conseille la lecture du premier chapitre du livre "musique et tempérament",c'est expliqué de façon très limpide, demandez le à votre claveciniste favori, il l'a très probablement. après le chapitre en question sur l'explication du tempérament, c'est une suite de recettes pour chaque tempérament (l'ordre des intervalles pour réaliser la partition)
Ceci dit, je ne suis pas sur que les instruments à frettes aient utilisé des tempéraments trop extrêmes dans le passé.
J'ai observé pas mal de tableaux avec des violes et des luths, et même dans les époques où le mésotonique était de rigueur, je n'en ai pas trouvé trace sur les tableaux, alors que les écarts de frettes sont très reconnaissables visuellement dans ce tempérament.
Peut-être que les peintres ont simplifiés, mais quand on voit leur souci du détail, je trouve ça assez étonnant.
Je pense que les instrumentistes à frettes ont assez vite utilisé intuitivement quelque chose qui s'approche de l'égalité, même s'ils retouchaient probablement au contact d'un clavecin ou d'un orgue.
C'est d'ailleurs + ou -ce que dit Otterstedt à la fin de son chapitre, même si elle ne s'appuie pas sur les tableaux.
elle évoque même la possibilité de coexistence de tempéraments entre diverses familles d'instruments...
Ce qui est sur, c'est que les contingences matérielles ne sont pas les mêmes sur un clavier et un instrument fretté...
Les musiciens n'étaient pas si obsédés que nous par cette question je pense, dans le chapitre sur l'accord de la viole, Rousseau ne parle pas vraiment de l'écart des frettes, il parle simplement de faire une moyenne entre les unissons(4°ou 5° frette), les quartes et les tierces à vide, et les 5tes.

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Dernière édition par madminstrel le 11 Fév 2011, 16:15, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Fév 2011, 16:14 
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Personnellement,je teste un cordophone dont le frettage est réalisé comme suit:
1/16eme-1/9eme répétés
ce qui,je pense,permet, en accordant à la quarte juste,de toucher les fractions élémentaires,avec une gymnastique pas trop compliquée...
Hervé G


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MessagePosté: 11 Fév 2011, 16:21 
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Sino l'application "cleartune" sur l'Iphone est assez géniale, pas mal de tempéraments différents et la possibilité de choisir la note racine...

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MessagePosté: 01 Mar 2011, 12:48 
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Je confirme!

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MessagePosté: 29 Nov 2012, 02:15 
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Je complète la référence du livre "Musique et tempérament" de Pierre-Yves Asselin, éditions Costallat, Paris.
Il est probable que les instruments frettés ont adopté souvent un tempérament égal ou à peu près (Valotti n'en est pas très loin sur une viole). Les seuls tempéraments praticables (c'est à dire sans frettes sinueuses) sont Pythagore (sans grand intérêt pour un violiste), "les" mésotoniques (incluant les mésotoniques atténués, par exemple au 1/6 de comma syntonique), et le tempérament égal. On ne peut pas accorder rigoureusement une viole en Kinberger II, ou Werckmeister IV. On aura plus de chances de s'y retrouver avec les tempéraments français. (J'ai mis tout ça en graphiques dans un tableau Excel)
Pour ce qui est de l'iconographie, on voit en effet souvent des frettes "également "espacées. On ne peut évidemment pas relever les écarts sur des violes anciennes, mais le cas des cistres est intéressant : en raison de leur montage en cordes métalliques, les frettes étaient aussi métalliques et fixes. Alors qui va mesurer tous les cistres des musées ? Une modeste contribution : une photo d'un cistre au musée instrumental de Bâle. Pour l'oeil averti, ça ressemble fort à du mésotonique, non ?
Fichier(s) joint(s):
Commentaire: cistre du musée de Bâle
Cistre.jpg
Cistre.jpg [ 134.84 Kio | Vu 12626 fois ]

Wieland Kuijken n'est d'ailleurs pas très loin de préconiser le tempérament égal dans pas mal de circonstances ...
C'est super, de s'intéresser aux tempéraments sur la viole ... mais courage !


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MessagePosté: 05 Déc 2012, 17:26 
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Je partage absolument votre point de vue ! La recherche actuelle, l'étude des témoignages ou des commentaires anciens montrent bien qu'il y a un problème de compatibilité dès le XVIème siècle entre les instruments frettés - luths et violes - et les autres instruments utilisant un système d'intonation irrégulier. Un musicologue italien, Patrizio Barbieri, dit que les théorbistes, par exemple, diminuaient systématiquement la ligne de basse pour masquer l'écart d'intonation lorsqu'ils doublaient un orgue !
De toutes façons il est illusoire de croire qu'on peut tordre et maintenir en place des frettes en boyau pour les adapter à n'importe quel tempérament irrégulier. J'ai fait un calcul théorique mais précis de tels réglages pour placer des frettes suivant plusieurs tempéraments irréguliers et je vois bien que c'est impossible.
Les seuls tempéraments réalisables sur un manche de viole ou de luth sont, comme vous le dîtes justement, le pythagoricien (utile pour une viola d'arco médiévale frettée, malgré tout), l'égal et les différents mésotoniques. D'ailleurs j'ai remarqué aussi le frettage mésotonique des cistres anciens, ce qui est un témoignage de "première main" d'une possibilité historique de tempérer un instrument à frettes au 17ème siècle.
Quant à Annette Otterstedt, son avis est tout à fait clair : elle dit que le tempérament égal est de rigueur dès la Renaissance pour les violes et les luths et que sur cette base il est toujours possible d'ajuster le réglage par un léger décalage de la frette ou d'un placement de doigt précis (pages 190-191 de l'édition anglaise). Et pour compléter le texte d'Otterstedt, ce qu'on appelle aujourd'hui le tempérament 17/18 ou 18:17 c'est le tempérament (quasiment) égal suivant l'ancienne "recette" (division de la longueur vibrante par 18 et placement de la frette sur la 17ème division côté sillet ; et sept fois de suite pour les sept frettes) à une époque où on n'avait pas encore inventé ni les Hertz, ni les accordeurs électroniques, ni l'application Cleartune...


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MessagePosté: 06 Déc 2012, 09:46 
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on n'employait pas le mot Hertz, mais dès les premières années du 18° Sauveur utilise le nombre de vibration par seconde comme unité de mesure, ce qui revient au même...
je trouve excellente idée de regarder les instruments à frettes fixes! Le manche de ce cistre me fait penser à un mésotonique adouci.

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MessagePosté: 06 Déc 2012, 12:41 
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Ce que Sauveur utilisait est le nombre de battement entre deux fréquences proches. Mais le contrôle de la justesse par ce moyen ne remonte pas au début du XVIIIème siècle mais (au moins) à l'Antiquité avec ce cher Pythagore !
Bien évidemment il y a un lien (et très serré même !) entre les fameux battements et les Hertz - alias "cycles par seconde" in französischer Sprache. Mais l'invention du Hertz par le Professeur Hertz datant de la fin du XIXème siècle, il a fallu attendre tout ce temps là pour associer une hauteur de son à une fréquence, comme la = 466 Hz par exemple... Mais alors le baroque était fini depuis longtemps ainsi que nos chers instruments à frettes mobiles ! D'où l'importance de savoir quelles autres recettes GSH (garanties sans Hertz) étaient utilisées...


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MessagePosté: 07 Déc 2012, 02:14 
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Stimulé par vos interventions, j'ai regardé de plus près le cistre de Bâle. J'ai mesuré les écarts chevalet-frettes, j'ai recherché (merci Asselin) les rapports de fréquences pour le mésotonique, en partant de la note Mi (chanterelle pour l'accord Renaissance, si je ne me trompe pas ...), j'ai passé le tout à la moulinette d'Excel, et j'ai obtenu un graphique. Ça n'allait pas du tout. Mais en remarquant que le chevalet n'était probablement pas à sa place, en recherchant sa place théorique par la frette de l'octave (beaucoup plus près de la rosace), et en tâtonnant un peu (il y a aussi perspective et parallaxe), on finit par conclure qu'il s'agit bien d'un mésotonique atténué : les frettes sont à un emplacement intermédiaire entre "égal" et "mésotonique". Bien sûr, au delà de la 6° frette, il est difficile de juger. En revanche, pas trace de double frette alors que Ré et Sol devraient poser un problème.
Je joins ce graphique (je peux aussi envoyer le tableau).
Bonne réflexion !
Fichier(s) joint(s):
Cistre Bâle.JPG
Cistre Bâle.JPG [ 21.55 Kio | Vu 12538 fois ]


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MessagePosté: 07 Déc 2012, 09:27 
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Merci pour le graphique! il confirme ma première impression, il est vrai qu'à force de bouger ses frettes on peut presque faire ces tempéraments courants à l'oeil sans oreille ni accordeur...
Concernant Sauveur, à ma connaissance, il n"a pas travaillé que sur le tempérament et s'est intéressé aussi au problème du diapason. C'est par exemple à lui qu'on doit l'adoption de la note la comme référence (contre Do auparavant, et plus rarement fa) et qu'on connait le diapason de l'opéra.

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