Bonjour, C'est une question courte mais qui appelle une réponse longue ! Je vais quand même essayer de répondre brièvement et - surtout - clairement... Tout d'abord, le solfège actuel (disons depuis la fin du 18ème siècle) utilise la plupart des signes, symboles etc. que le solfège ancien mais pas toujours avec la même signification, par exemple les signes de mesure et les relations entre eux, la division des notes en deux ou en trois, la signification des points placés après les notes etc. et - ce qui nous intéresse ici - le nom des notes. Le nom des notes (et leur placement sur une portée de 4 lignes) a été mis au point par Guido d'Arezzo au XIe siècle. Ce solfège porte un nom : la solmisation. Le principe de base de la solmisation est d'aider les chanteurs a repérer l'endroit où se trouve le demi-ton dans une ligne mélodique. Pour cela, Guido d'Arezzo utilise une suite de 6 notes conjointes (un hexachorde) et chaque note va avoir un nom. Ce nom est composé d'abord d'une lettre en majuscule qui est le véritable nom de la note mais qui ne se prononce pas quand on chante : C, D, E, F, G et A. Ensuite on associe à cette lettre une, deux ou trois syllabes dites "syllabes de solmisation" qui seront prononcées par le chanteur : ut, ré, mi, fa, sol et la. Ces syllabes viennent d'un hymne à Saint-Jean-Baptiste (UT queant laxis, REsonare fibris, MIrare gestorum, FAbuli tuorum, SOLve polluti, LAbii reatum, Sancte Ioanes) dont la mélodie évolue justement en montant la gamme. Ainsi, en solfège moderne, la syllabe UT correspond au do, la syllabe RE au ré, MI mi, etc. Donc, dans un premier temps, voici comment on peut nommer nos six notes : C ut, D ré, E mi, F fa, G sol et A la. Tous les intervalles sont des tons sauf l'intervalle entre mi et fa qui est un demi ton. Et attention !!! C'est là que se trouve la subtilité !! Le principe de la solmisation c'est de toujours encadrer les demi-tons par les syllabes mi et fa. Donc, que se passe t'il après le A la ? Et bien c'est la note B. En solfège moderne on l'appelle Si. Mais est-ce un si bémol ou un si bécarre ? Si c'est un si bémol, le la et le si bémol forment un demi-ton. Donc nous devons obligatoirement appeler notre A : mi ! et notre B : fa !! Dans ces conditions, voici comment on doit maintenant appeler nos six notes : F ut, G ré, A mi, B fa, C sol et D la. Mais si notre B est un si bécarre, le demi-ton se trouve alors (en solfège moderne) entre le si bécarre et le do, soit (en solfège ancien) entre le B et le C ; donc, B s'appelle mi et C s'appelle fa. Et voici les nouveaux noms de nos six notes : G ut, A ré, B mi, C fa, D sol et E la.
EN RESUME : nous avons six notes de C à A qui peuvent s'appeler de trois façons différentes et une septième note B qui peut s'appeler de deux façons différentes : C ut sol fa, D ré la sol, E mi la, F fa ut, G sol ré ut, A la mi ré et B fa mi. Cette façon d'appeler les notes est restée en vigueur pendant tout le 17ème siècle à ce détail que la septième note a finalement reçu la syllabe SI (de Sancte Ioanes) à la fin du siècle. Ne dites jamais à Marin Marais qu'il a composé des suites en ré mineur ou en ré majeur. Lui vous répondra qu'il ne comprend pas votre langage et qu'il a composé en vérité des pièces de viole en D ré la sol tierce mineure ou en D ré la sol tierce majeure !! Cordialement, EG
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